Dans un précédent numéro (voir ICI), je vous narrais mes aventures à Bélesta, dans les PO comme disent les initiés, où je faisais, non sans ma naïveté coutumière, ma toute première expérience avec le Carignan gris, celui du Domaine Ribérach.
Terroir de Bélesta : la vigne dans son écrin de garrigue inondé de soleil.
J’écrivais notamment que la cave du domaine, sise dans l’ancienne cave coopérative du village, jouxtait un projet hôtelier assez audacieux mis en exergue en premier par Jim Budd lors de ses pérégrinations Catalanes de cet été (Voir ICI).
Le restaurant de cette cave est désormais ouvert et il donne l’occasion de découvrir les talents d’un chef en devenir, mais aussi d’une jeune et jolie sommelière que j’ai hâte d’aller titiller ne serait-ce que pour mettre à l’épreuve ses connaissances en Carignan… Bon, trêve de plaisanteries, après le gris (blanc) « Hypothèse », l’occasion est venue de vous parler maintenant du pendant rouge de ce domaine très en vue et en cours de conversion bio.
L’escargot, symbole du domaine que l’on retrouve en bonne place sur les étiquettes, signifie qu’ici on prend son temps. Cent pour cent Carignan, donc, vendanges manuelles comme il se doit sur des vignes centenaires implantées sur granite et gneiss, rendement de 21 hl/ha, ce qui est assez confortable pour le Roussillon, macéré 15 jours, levures de fermentation indigènes, les vins sont entièrement élevés en barriques.
Luc Richard, natif de Bélestat, architecte d'intérieur et animateur du Domaine Ribérach avec Patrick Rodriguès (oenologue) et Jean-Michel Mailloles (vigneron).
Non collés et non filtrés, les deux millésimes goûtés arborent la mention Vin de Pays des Côtes Catalanes. Leur prix de vente est de 31 € la bouteille départ cave, ce qui est parfaitement justifié au vu de cette « Hypothèse » 2008 à la fois ample, dense et majestueux, probablement le plus beau vin du domaine, bien avant une autre cuvée remarquable nommée « Synthèse » et qui ne compte pas moins de 50 % de carignan, le reste en grenache noir et syrah (15 €). « Hypothèse » 2007, toujours en pur carignan puisque c’est le propre de cette cuvée, quoique fort bien noté par moi, donne un vin moins exubérant, plus replié sur lui-même, plus marqué me semble-t-il par le bois et plus sec en finale. Je suis persuadé que ce genre de vin s’arrange et s’épanouit si on lui offre un séjour forcé de 3 à 4 heures en carafe.
Michel Smith