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  • : Cinq passionnés du breuvage de Bacchus parlent du vin sous toutes ses facettes.
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POURQUOI CE BLOG?

Ce blog est né de l'heureux hasard d'une rencontre, en 2010, au Salon des Vins de Loire d'Angers, autour d'un verre de rosé de Bourgueil - celui de Pierre Jacques Druet. Il y avait là cinq "plumitifs" du vin. Le rosé aidant, l'idée a germé de créer un espace commun.
Parce qu'à cinq, on peut aborder plus de thèmes.
Parce qu'on peut débattre.
Parce qu'on peut partager. Des coups de coeur, des coups de gueule, de l'expérience.
Et qu'est-ce que le vin sinon une boisson de partage?
De ces cinq, certains sont déjà des blogueurs confirmés, d'autres non.
Comme il y a les 5 sens, il y  a maintenant les 5 du Vin.

Les 5 du Vin

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QUI SOMMES-NOUS?

David Cobbold (Eccevino) est le plus français des journalistes anglais du vin, ou vice versa. Il a reçu en 2011 le Wine Blog Trophy pour  son blog, More than Just Wine.

Jim Budd, sujet de sa Gracieuse Majesté, est journaliste pour diverses revues britanniques. Amoureux des vins de Loire, il leur consacre un blog, Jim's Loire, primé en 2009 du Wine Blog Trophy.

Hervé Lalau est un journaliste français écrivant pour diverses revues et sites français, belges, suisses et canadiens. Son blog "Chroniques Vineuses" lui a valu le Wine Blog Trophy en 2010.

Michel Smith, PourLeVin, est un journaliste français établi en Roussillon, travaillant pour diverses revues et guides en France. Il s'intitule lui-même "Journaliste en Vins et autres Plats de Résistance".

Marc Vanhellemont est un journaliste belge travaillant pour divers magazines en Belgique et en France. Incontournable, sauf par la face nord.

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 11:31

Dans un précédent numéro (voir ICI), je vous narrais mes aventures à Bélesta, dans les PO comme disent les initiés, où je faisais, non sans ma naïveté coutumière, ma toute première expérience avec le Carignan gris, celui du Domaine Ribérach.

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Terroir de Bélesta : la vigne dans son écrin de garrigue inondé de soleil.

J’écrivais notamment que la cave du domaine, sise dans l’ancienne cave coopérative du village, jouxtait un projet hôtelier assez audacieux mis en exergue en premier par Jim Budd lors de ses pérégrinations Catalanes de cet été (Voir ICI).

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Le restaurant de cette cave est désormais ouvert et il donne l’occasion de découvrir les talents d’un chef en devenir, mais aussi d’une jeune et jolie sommelière que j’ai hâte d’aller titiller ne serait-ce que pour mettre à l’épreuve ses connaissances en Carignan… Bon, trêve de plaisanteries, après le gris (blanc) « Hypothèse », l’occasion est venue de vous parler maintenant du pendant rouge de ce domaine très en vue et en cours de conversion bio.

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L’escargot, symbole du domaine que l’on retrouve en bonne place sur les étiquettes, signifie qu’ici on prend son temps. Cent pour cent Carignan, donc, vendanges manuelles comme il se doit sur des vignes centenaires implantées sur granite et gneiss, rendement de 21 hl/ha, ce qui est assez confortable pour le Roussillon, macéré 15 jours, levures de fermentation indigènes, les vins sont entièrement élevés en barriques. 

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Luc Richard, natif de Bélestat, architecte d'intérieur et animateur du Domaine Ribérach avec Patrick Rodriguès (oenologue) et Jean-Michel Mailloles (vigneron).

Non collés et non filtrés, les deux millésimes goûtés arborent la mention Vin de Pays des Côtes Catalanes. Leur prix de vente est de 31 € la bouteille départ cave, ce qui est parfaitement justifié au vu de cette « Hypothèse » 2008 à la fois ample, dense et majestueux, probablement le plus beau vin du domaine, bien avant une autre cuvée remarquable nommée « Synthèse » et qui ne compte pas moins de 50 % de carignan, le reste en grenache noir et syrah (15 €). « Hypothèse » 2007, toujours en pur carignan puisque c’est le propre de cette cuvée, quoique fort bien noté par moi, donne un vin moins exubérant, plus replié sur lui-même, plus marqué me semble-t-il par le bois et plus sec en finale. Je suis persuadé que ce genre de vin s’arrange et s’épanouit si on lui offre un séjour forcé de 3 à 4 heures en carafe.

Michel Smith 

 

 

 

 

 

 

 

 

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 10:40

Portant le patronyme d’un grand prime minister de sa Majesté, Lord Anthony Eden, dont il est en fait le petit-neveu, Robert fait partie des sujets d’outre Manche qui, à l’instar des natifs d’outre Quiévrain, se sont aventurés avec bonheur dans ces contrées reculées aux mœurs bizarres que sont le Languedoc et le Roussillon réunis. Pour une raison que j’ignore, Robert Eden a jeté on dévolu sur une propriété de La Livinière. Une chose est sûre, son choix a été le bon. D’une part parce que, au sein du Minervois, l’appellation La Livinière se positionne dans le haut du panier des vins languedociens, d’autre part parce que la propriété choisie à la fin des années 90, le Château Maris, était dans le peloton de tête du hit parade des rares journalistes qui se penchèrent dès les années 80 sur les vins du Languedoc.

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Converti depuis peu à la biodynamie, Robert Eden, qui se construit une cave écolo faite de blocs de chanvre consolidés par du bois, a déjà sorti des vieilles vignes de carignan, de syrah ainsi que de grenache. Étrangement, lorsque l’on va sur le site de Maris www.mariswines.com, on ne voit pas apparaître la cuvée « Continuité de Nature » 2008, un Minervois-la-Livinère consacré aux vieilles vignes de Carignan d’un rendement de 30 hl/ha sur une parcelle de 1,20 ha située sur la commune de La Livinière.

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Un vin dense de robe, quasiment opaque, ample en bouche, presque tendre, très équilibré qui s’ouvre de plus en plus dans le verre (le carafer s’impose à mon avis…) et qui accompagnait merveilleusement la conversation lorsque je l’ai goûté lors d’un repas de fromages fermiers où il se mariait sans trop de difficultés aux pâtes molles, munster inclus. Le prix du vin, 19 €, est à la hauteur, n’en doutons pas, de la réputation du terroir de La Livinière…

 

Michel Smith

 

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 00:00

Après les blancs goûtés à trois ou quatre reprises dans le cours de cette rituelle chronique dominicale, après les classiques rouges qui fleurissent un peu partout pour mon plus grand plaisir, j’attendais que le Carignan fut rosé tout en me disant: « ça n’existera pas ». Eh bien, j’avais tort. Aline Hock, une vaillante et souriante vigneronne belge (de Namur, si j’ai bien pigé) m’a prouvé le contraire. La dame a quitté le service juridique d’une banque par un coup de tête ou plutôt par un coup de foudre pour le vin. Renaud, son mari, l’a laissé s’aventurer à Latour-de-France où elle vit avec ses deux garçons, tandis que lui continue son job au Luxembourg, n’hésitant pas à venir la rejoindre tous les week-ends. C’est beau l’amour…

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Aline face à son Carignan rosé...

Rien n’était programmé dans ce parcours vigneron. Les Hock passaient leurs vacances dans le Roussillon quand ils lurent un remarquable article (on n’est jamais mieux servi que par soi-même…) consacré à Lucien Salani dans le hors-série vins de Cuisine & Vins de France. Arrivés chez Lucien le matin pour acheter du vin, ils repartirent le soir ! Classique avec «Lulu», un gars hors norme dont il faudra bien que je vous cause un jour…  «J’en avais marre de la banque, raconte Aline. Lulu, à qui j’avais dit en souriant que je me verrais bien vigneronne un jour, m’a dit qu’il était prêt à me former». Ni une ni deux il lui a appris la taille, les vinifications et tout le toutim. Ils continuent d’ailleurs à s’entraider, à travailler ensemble.

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En 2009, Aline démarre avec 5,60 ha. Elle vient de racheter une parcelle de vieux macabeo pour totaliser 7 ha aujourd’hui. Elle ne compte pas s’agrandir, d’autant qu’elle fait tout elle-même et qu’elle tient à consacrer le mercredi à ses enfants. Aline en pince pour le Carignan puisqu’elle lui consacre trois cuvées (je vais goûter les autres un de ces quatre), mais celui qu’elle m’invite à goûter provient d’une vigne sur schistes noirs, secteur de Cases-de-Pène, âgée de 35 ans en moyenne.

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Notez le bouchon en forme de suppositoire... très tendance par chez nous !

Son rosé 2009 - son premier vin en somme (14 €) -, même s’il en a la teinte (très légèrement mordorée cependant), n’est pourtant pas un rosé stricto senso. Va comprendre Charles… Enfin, c’est en rosé d’aspect, mais pas de goût. Si vous arrivez encore à me suivre, c’est un rosé de repas et de plat principal, pas un rosé d’apéro, d’entrée ou de grillade. Un "claret", ou clairet, dirait-on vers le Port de la Lune. On sent presque en fermant les yeux la texture d’un rouge : c’est dense, gras et ça se complète par de belles notes de fruits confits. Un vin étrange, mais bien équilibré, assez langoureux que je verrais bien sur des langoustines à peine rôties, mais qu’Aline, fort justement, prévoit de servir sur de fines tranches de foie gras mi-cuit sur lesquelles on aurait posé quelques grains de sel afin de provoquer cette folle barcarolle faite de mou et de craquant soutenue aussi par la structure acide du carignan.

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J’oubliais le plus important, peut-être : les carignan ont été éraflés puis entonner directement dans trois pièces bourguignonnes de trois vins où la fermentation a pu se faire. C’est stupide, j’ai oublié de demander à Adeline si cela s’était prolongé par un long élevage. À mon avis, non. Mais la bonne chose avec le vin c’est que, par moment, la technique n’a plus d’importance, ou si peu. L’essentiel est que le vin soit là, qu’il se suffise à lui seul, dans sa nudité ou dans son habit.

Michel Smith

 
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31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 11:46

Je regardais Vendredi soir Thalassa, mon émission préférée. Sur l’autre chaîne, il y avait Masterchef, mais pas question de mirer un truc aussi racoleur. Donc, Thalassa diffusait un sujet génial sur les « Optimistes » quand subitement j’ai éprouvé le besoin d’avoir du vin à portée de lèvre pour célébrer ces jeunes qui se défoncent dans des boîtes à sardines (mieux que les boîtes de nuit...) au pied des falaises anglaises. Quelle leçon de vie !

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J’ouvre le frigo et je tombe sur « Tombé du ciel » ! Il s’agit d’un Vin de France acheté aux 24 Canons un caviste Perpignanais un peu branché sur les bords. Prix : 9 €. Alcool : 13°5. Jusque là mon texte ressemble à une banale chronique d’un canard anglais où prix et alcool semblent être des infos décisives, voire capitales. Aussi joyeux qu’un titre de Charles Trénet ou, mieux, de Jacques Higelin, je m’attendais à boire un vin se disant « nature ». Je n’en étais pas loin vu qu’en googleisant je tombe sur Rivaton Vins Nature, ce qui prouve que j’ai encore du pif. http://rivaton.vinsnaturels.fr/

Pas la peine donc d’aller sur le site indiqué sur l’étiquette puisque, en dehors des coordonnées du domaine, il n'apprend rien ! Donc, sur le « bon » site indiqué plus haut (vous me suivez j’espère), j’apprends que Frédéric Rivaton est vigneron de Latour-de-France, commune qui décidemment, j’ai dû déjà vous le dire, attire tous les amateurs de Carignan au point qu’il va falloir un jour y organiser un Festival du Carignan !

Un bon point, donc. J’apprends en outre que la cuvée « Tombé du Ciel » est un pur carignan (je m’en doutais un peu puisque le caviste me l’a vendu comme tel), de 45 ans d’âge, 30 hl/ha, vinifié en macération carbonique, élevé  en cuves béton. Seul hic, j’ignore tout du millésime, même en cherchant bien. Dommage, mais je pense qu’il doit s’agir d’un 2009.

J’apprends en prime que le gars élabore aussi un Carignan de 1930 en pur jus de raisin bio ! Deuxième bon point. Enfin, en lisant bien l’étiquette et les données transmises sur le site, je constate que 1) le vin « contains sulfites » et que 2) le soufre est utilisé, en tout cas dans les traitements de la vigne en compagnie du cuivre. Nulle part il n’est fait mention de la non utilisation du soufre à la vendange, pendant l’élevage et à la mise. Troisième bon point.

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En exclusivité mondiale : mon verre "Spécial Carignan" avec le Rivaton dedans.

Vous allez me dire qu’avec de tels raisonnements je peux prétendre entrer direct au Panthéon des préjugés. Et vous avez raison. Bref, confidences pour confidences, je me suis éclaté avec ce rouge aussi sombre et opaque qu’une nuit noire. Un jus savoureux, prenant et gourmand au possible. En mise en bouche, il frétille d’impatience, pétille légèrement sur la langue et inonde le palais de notes sensuelles de violette virant peu à peu sur la mûre des bords de vigne. Il en restait pour le lendemain de quoi remplir un verre. C’était correct, assez plaisant même, mais le peps avait disparu, même si la fraîcheur était de mise.

À dimanche prochain pour la suite !

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Michel Smith

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24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 11:35

Méchamment Carignan devrais-je même dire...

Car il n’y a pas plus « carignanesque » que le secteur de Latour-de-France où j’ai dû déjà vous conduire à maintes reprises. Vous ai-je parlé des Rivesaltes du Domaine du Rancy (domaine-rancy.com) ? Non, je ne le pense pas. Dommage, parce qu’en matière de vieux Rivesaltes au franc goût de rancio (rapport à mon titre…), ils sont parfaits au point que je vous en reparlerai un de ces quatre, promis, juré, en les comparant à d’autres.

Mais qui est derrière le Rancy et pourquoi mettre ce domaine en avant aujourd’hui ? Quel lien ce domaine a-t-il avec le Carignan ? Comme je suis fainéant, j’aurais tendance à dire : « la suite au prochain numéro »… Mais n’ayez crainte, en ce dimanche il n’y aura point de teasing.

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Les Verdaguer, Brigitte et Jean-Hubert pour les intimes, sont propriétaires de ce domaine sis à Latour-de-France, un coin des Pyrénées réputé pour le fort caractère de ses vins en général (il existe une appellation Côtes-du-Roussillon-Latour-de-France, ouf !) et de ses carignans en particulier. Les Verdaguer ne sont pas du genre frimeur. On ne les invite pas à droite à gauche pour faire de grands discours conférenciers, ils ne paradent pas avec leurs échantillons dans les manifestations parisiennes. En revanche, ils participent aux salons des Vignerons Indépendants, à Lyon, dans le Nord, en Bretagne et en Belgique. Lorsqu’ils ne sont pas en vadrouille, les Verdaguer font leurs vins, un point c’est tout. Zéro engrais chimique, de plus en plus de traitements bio, un cheval parfois pour les labours délicats et des vinifications classiques avec des macérations assez longues, de l’ordre de 3 semaines sur le Carignan, par exemple. Ils le font si bien, ce travail, et à un prix tellement raisonnable, que l’on retrouve leurs vieux Rivesaltes jusque dans les cartes des très grands restaurants.

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Vigneron est un métier dur pour les nerfs. Les Verdaguer ont 15 ha de vignes dont les trois quarts ont été touché par la grêle du 16 Juin, comme ça, juste en passant au dessus des plus vieilles vignes de macabeo, histoire de montrer que le Bon Dieu sait être injuste et méchant. Si Brigitte et Jean-Hubert, jusque-là spécialisés dans les VDN, se sont mis au carignan pur, c’est surtout grâce à l’une de leurs trois filles, Delphine, 28 ans. Sortie de Montpellier avec un diplôme d’œnologie en poche, elle enseigne désormais au lycée viticole d’Avize et ne rêve que d’une chose : s’établir quelque part en tant qu’œnologue conseil. En attendant, il lui arrive parfois d'aider ses parents. Et de les pousser à  dédier une cuvée de leurs vieux carignans (certains ont 80 berges !) au grand-père, Marcel, que les sœurs Verdaguer vénèrent.

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C’était avec le millésime 2006, notamment, sous forme d'une cuvée spéciale. Goûté récemment, je n’ai franchement pas accroché, ni avec le vin que j’ai repris à plusieurs reprises durant une semaine pour le tester jusqu’au bout, ni avec l’étiquette que je vous livre en exclusivité mondiale sur la Toile.

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Chose inexplicable pour moi, avec le millésime suivant, j’ai été conquis. Ce Vin de Pays des Côtes Catalanes 2007, 10 €, bu juste ouvert et servi froid, presque trop je le confesse, mais il suffit d’attendre qu’il se réchauffe dans le verre, possède une robe solide, une matière fondue, un équilibre irréprochable, de très belles notes de fruits bien en chair entre cassis et mûre, de la puissance mais sans aucun excès. On est en communion avec le goût du raisin, la persistance est là, l’épaisseur aussi, il n’y a rien à redire, c’est tout simplement parfait, à mon goût du moins. J’allais oublier les tannins : ils sont fondus et l’on ressent en leur compagnie une indiscutable sensation de raisin rôti, genre celui qui suinte lentement dans la fournaise du schiste, juste avant qu’il ne commence à se rider et qu'on ne le cueille. J’adore quand le carignan vire ainsi à l’oriental. Un soupçon d’amertume toute minérale vient se manifester en finale et j’ai achevé le flacon deux jours après alors que le vin commençait à s’attendrir. Un GRAND vin ? Oui, n’ayons pas peur des mots.

Michel Smith

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17 octobre 2010 7 17 /10 /octobre /2010 12:00

Avez-vous entendu parler du Mas Gabinèle ? Oui, si vous avez lu une de mes interventions (ICI) concernant Faugères cet été. Gabinèle, c’est une sorte de petit cabanon de vigneron en langue d’Oc. Mais c’est surtout le domaine familial d’un gars étonnant. Diplômé de sciences économiques, Thierry Rodriguez s’est constitué autour d’une chapelle romane, près de laquelle il a ouvert un gîte, une modeste affaire de négoce du nom de Prieuré Saint-Sever qui commercialise aux dernières nouvelles plus de 400.000 flacons dans 20 pays.

C’est mon ami l’œnologue Jean Natoli, qui fait un immense travail en conseillant d’excellents vignerons Languedociens dans un climat plutôt délétère, qui, lors d’une dégustation aveugle à Vinisud il y a plus de deux ans, m’avait glissé ces perles auxquelles il avait collaboré. Fleuron de la gamme, la collection « Stratagème » regroupe une douzaine de sites géologiques sudistes vinifiés en association avec des vignerons. Marqué par un nez de feu, je me souviens d’un rouge 2007 provenant d’un terroir de basalte qui me sautait à la gueule avant de se conduire en souplesse. Minéral, soyeux, le rouge du poudingue (vers Lunel) impressionnait par sa longueur et ses notes de coing confit. Ne pas manquer non plus les marnes jaunes d’Aniane.

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Visiblement, Thierry Rodriguez aime les expériences. Il aime aussi le Carignan et il ne crache pas non plus sur le Cinsault ou le Grenache. L’autre jour, il m’a gentiment adressé une mini verticale de trois flacons pour me présenter son Vin de Pays de l’Hérault Carignan Vieilles Vignes qu’il réalise (2006, 2007, 2008) en partant de vignes de 50 ans et plus plantées sur son domaine du Faugèrois. « L’idée étant, me dit-il, de montrer ce que ce cépage pouvait donner en cherchant à préserver le fruit par un élevage court après avoir associé une macération carbonique (70 %) à une vinification traditionnelle (30 %) ».

Première remarque : la qualité du bouchon, un liège long et ferme (pas de plaisanteries SVP) est plutôt rare pour ce genre de vin. L’habillage et la taille des bouteilles, même si on n’est pas d’accord, montre aussi que Thierry ne méprise pas le sieur Carignan.

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Incontestablement, le 2008 est de loin le plus intéressant de la trilogie. Robe soutenue, nez profond, jus frais, notes fruitées et minérales, tannins bien posés et sans excès, équilibre et longueur, notes d’orange sanguine en finale. Mais pour les plus délicats d’entre nous, il manque un soupçon d’élégance supplémentaire (le vin est pourtant très beau, rappelons-le) dont on sait que le carignan est capable si on y met du sien. Cela vient-il du tri des grappes, de leur vendange, de la vinification, de l’élevage ? Au vigneron de voir, même si j’ai ma petite idée derrière chacune de ces interventions.

Le 2007, notes de viscères et de garrigue au nez, est au départ plein de goûts gênants, marqué pas des tannins durs, comme enveloppé dans une poche de rusticité avec une finale un peudifficile. Mais on s’y fait… en se forçant un peu, surtout si on a un gibier bien faisandé à portée de la main ou un bon cassoulet.

Le 2006 est le moins sympathique des trois, trop rustique à mon goût, très « vin du pépé », puissant et direct comme un carignan sait l’être, mais aussi sec, déséquilibré et terreux en finale. Cependant, on doit pouvoir attendre de lui qu’il se conduise honorablement sur un confit de canard.

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Le prix public de chaque bouteille est de 8,50 € départ cave, ce qui est très raisonnable compte tenu de la présentation. Si Thierry Rodriguez n’est pas d’accord avec mon jugement ou s’il veut apporter des précisions quant à la vendange ou à l’élevage, il est le bienvenu !

 Michel Smith

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10 octobre 2010 7 10 /10 /octobre /2010 10:07

Le Corbières 2008, «Aux Temps d’Histoire» du Domaine du Grand Arc fait partie de ces cuvées «à histoires» comme on aime en rencontrer de plus en plus de ce côté-ci de la Méditerranée. «Un Carignan pure race» ! clame son auteur, arrivé dans les Corbières en 1990. Diantre! Les 5 cuvées de Corbières rouges créés par Fabienne et Bruno Schenck sont le fruit d’une passion pour une région – celle qui va de Cucugnan, où sont les vignes, à Padern, où ils résident – dans une partie de l’Aude qui voisine les Pyrénées-Orientales; dans un décor pierreux où seule la vigne peut faire vivre une famille, avec un peu de tourisme, il est vrai. Comme les chambres d'hôtes que proposent les Schenck dans le village de Padern.

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Première histoire, celle d’un conte monté de toutes pièces par Alphonse Daudet dans les Lettres de Mon Moulin. Lisez ICI la petite histoire du Curé de Cucugnan. Et profitez-en pour découvrir ce village insolite où le petit théâtre Achille Mir propose «Le Sermon du curé de Cucugnan» non loin des ruines du Château de Quéribus, une des plus belles ruines Cathares.

La seconde histoire concerne le Corbières «majoritairement carignan» comme il faut dire pour être conforme avec la législation des appellations. Les carignans qui nous concernent ont été plantés par Adrien Coste en 1875, juste après que le phylloxera eut ravagé le Sud. Son fils Louis repris la vigne en 1902, puis son petit fils Lucien qui proposa à Bruno de l’acquérir en 1999 afin d’éviter son arrachage. «Trésor si rare, explique Bruno Schenck, que j’ai apporté à mon tour tous mes soins pour transmettre au 21 eme siècle le vin d’une vigne dont les racines relient trois siècles».

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Belle tenue en bouche, le vin est droit, minéral, tendu, très équilibré, il semble boisé, mais c’est souvent les notes de garrigues qui donnent cette impression. Comme toujours, il gagne en majesté une fois décanté ou conservé au frais avec un bon niveau d’air dans la bouteille. Mais si j’étais vous, j’attendrais 5 années de cave, au moins, avant d’ouvrir ce flacon tant il me semble encore pas tout à fait prêt. Environ 3.000 bouteilles ont été produites avec le millésime 2008. Le prix? un peu moins de 13 €, ou un peu moins de 26 € en magnum.

Michel Smith

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3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 11:35

Je ne sais pas si ça vous arrive aussi, mais en période de vendanges, je tombe souvent sur des vins que je débouche et qui, dès le premier nez, embaument les effluves de vendanges, du raisin frais et bien mûr, aux parfums de griotte, de crème de mûre ou de baies de cassis. Étrange, n’est-ce pas ? C’est ce que je ressens aujourd’hui avec le verre quasi plein du «Vieilles Vignes» 2009 de l’ami Pierrot, un Carignan dont les vignes voguent vers l’éternité, pas très loin de Marseillette (village connu aussi pour son riz…); sur les terres des Aspres, aux pieds de la Montagne Noire, à dix bons kilomètres des tours de Carcassonne.

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Commencez par un verre, comme ça, juste pour voir. Puis ayez la sagesse d’attendre et de saisir de nouveau le flacon au bout de deux jours de frigo - «Quelle horreur !», j'entends d'ici les cris d'orfraies des traditionalistes nostalgiques des années 40 - et allez-y, buvez-le, videz-le. Équilibré, linéaire, finement serré, sans aucun signe ostentatoire, puissance contenue, persistance, ça se boit sans retenue et avec soif, on tient là le grand vin au creux du palais, sincère ni plus ni moins. Et après ? Après, on se sent bien, réconforté, lucide tout simplement. Le «Vieilles Vignes» de Pierre est un Carignan d’école, un antidépresseur à vider entre potes sur une palombe, ou une bécasse, par exemple, pour ceux qui ont la chance d’avoir un bon chasseur près de chez eux. Le vin, issu de raisins en partie éraflés et d’une macération carbonique, a séjourné 2 à 4 mois en fûts. Il affiche à ma grande surprise 14°5, mais cet alcool ne se ressent pas le moins du monde en bouche et encore moins dans la tête. Le prix du plaisir ? 9,50 € départ.

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 Pierre, à droite, avec ses premiers vendangeurs à l'heure du casse-croûte...

S’il y a un gars qui dit toujours ce qu’il pense – et sans détours oratoires – c’est bien lui, Pierre Cros, prononcez «crosse». Son Minervois «Vieilles Vignes» est un Carignan, un point c’est tout. Et il n’a pas peur de l’affirmer jusque sur la contre étiquette. Nulle question de tergiverser : «Pour moi, c’est un Minervois, tu peux l’écrire» !

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Un Vigneron brut de cuve...

Pierre est un vigneron brut de cuve, un pur, un vrai, Languedocien de surcroît. Un travailleur avant tout. Fils de boulanger, il a quitté l’école à 16 ans pour rejoindre son père à la boulangerie de Bandens, son village. Dans le même temps, il pratique le rugby (troisième ligne aile) à Carcassonne. Pour lui, au départ, la vigne n’était qu’un simple bien de famille dont il hérite en 1985, alors que le raisin allait à la coopérative. «Avec la vigne, tu poses les pieds dans la terre et ça fait du bien» m’a-t-il lâché un jour. Vous voyez le genre de bonhomme. Une chose est sûre: l’homme est un collectionneur de cépages. Outre les carignan, alicante, aramon et piquepoul qu’il conserve jalousement entre autres pour sa cuvée «Les Mal Aimés» (vin de table), il a planté du pinot noir, du merlot, du touriga nacional et du nebbiolo, histoire de s’amuser un peu.

Allez le voir de ma part, vous ne le regretterez pas. Facile, il habite rue du Minervois, à Badens.

Michel Smith

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26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 11:55

Gérard Bertrand a le vent en poupe. Avec 10 millions de bouteilles exportées chaque année dans 65 pays, une nomination comme «European Winery of the Year» dans le magazine US "Wine Enthusiast", il commence sérieusement à faire des envieux.

Normal. Physique de playboy, allure svelte, décontractée et sportive, des amis dans le showbiz et dans le monde du rugby, une entreprise viticole performante qui positionne le Languedoc haut et loin dans le monde, un hôtel, un restaurant, un festival, beaucoup de vignes dont certaines dans des paysages de rêve, Gérard a tout pour plaire. Au point qu'on voit son nom et sa tronche de bon camarade un peu partout, dans les aéroports comme dans le métro Parisien ou le tube Londonien, toujours au «bon endroit au bon moment», comme titrait l’ami Berthomeau dans l'une de ses récentes chroniques.

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Son slogan, «L’art de vivre des vins du Sud», est simple, certes, mais il se voit et il frappe juste là où il faut. Avec une telle devise et son nom toujours bien en vue sur l’étiquette et sous la croix languedocienne, il ne lui restait plus qu’à présenter un bon vieux Carignan à sa carte. C’est chose faite désormais avec le 2008 que je viens de goûter.

Il est vrai que Gérard ne manque pas de Carignan, lui qui habite les Corbières où la plupart des grands noms d’aujourd’hui doivent leur réputation au vilain cépage que l’on s’empresse d’arracher depuis quelques années pour le remplacer par de la syrah et du mourvèdre. La propriété familiale, le Château Villemajou, possède encore un grand nombre de ces vieux ceps taillés en gobelet (en 2005, ils entraient pour 48% de l’encépagement d’un cru tiré à plus de 100.000 exemplaires) et son grand vin, "La Forge", n'en manque pas non plus. C’est une chance pour Gérard que de posséder un tel patrimoine. Espérons simplement qu'il aura la sagesse de ne pas les arracher. Va-t-il même replanter du Carignan comme d'autres commencent à le faire? C’est une question que nous verrons avec lui le jour où j’arriverai à l’attraper entre deux jets en partance pour l’Asie.

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Un Carignan Vieilles Vignes, Vin de Pays de l'Aude 2008, à la robe pourpre moyennement soutenue, au nez de pruneau et de figue, souple et sans fards en bouche, simple et facile d’approche, doté d’une bonne longueur et de tannins fondus quoiqu’un peu secs en finale. Idéal sur des brochettes de porc et de rognons ou sur une hampe de boeuf bien saignante. Pour info, ce vin est commercialisé au prix de 6,50 € départ cave. Et il est nettement meilleur dès sa sortie du frigo, servi dans un grand verre.

Michel Smith

 

 

 

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19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 00:00

Pardonnez par avance cette chronique un peu rapide pour cause de vendanges perso.

Bu en introduction et en compagnie des premiers associés Parisiens venus pour couper le raisin dans les Aspres, un divin Rielsing 2004 «Les Écaillers» de la maison Léon Beyer. Vin modèle - pour ne pas dire d’école - épanoui et précis, il ne demandait qu’à s’ouvrir, ce qu’il fit avec aisance dans nos larges verres. Au passage, merci, cher Marc Beyer, de m’avoir offert un jour de saisir cette chance de goûter ce vin inoubliable : il prépare avec bonheur la bouche et l’esprit à la découverte du petit joyau carignanesque que je viens de découvrir à une trentaine de kilomètres de chez moi et que je vais tenter de vous présenter.

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Le nom est Ribérach, domaine Ribérach. Le siège est à Bélesta dont l’ancien nom, justement, était Ribérach. Ici, en plein pays des Fenouillèdes, on dit Bélesta-de-la-Frontiera car jadis, entre vallée de l’Agly et vallée du Tet, la frontière qui séparait l’Aragon de la France passait par là, comme en témoignent les bornes de granit dressées dans la campagne et le nom d’un autre village proche, Latour-de-France où nous attendent d’autres carignans. D’un côté, l'Espagne où l'on parlait le Catalan, de l’autre le pays « gavatx », prononcez « gavatche » où l'on parlait l'occitan... du moins c'est ce que j'ai compris.

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Bélesta-de-la-Frontière, étonnant village des Fenouillèdes.

Aujourd’hui, le village est toujours veillé par les restes d’un vieux château restauré, mais aussi par la masse d'un Canigou omniprésent dans ces contrées. Quelques touristes vagabonds viennent s’y perdre, un intéressant musée se visite, un hôtel audacieux achève de se construire dans la cave coopérative réhabilitée qui abrite aussi les caves de ce domaine dont je vous reparlerai plus en détail dans un autre « post » où je vous présenterai les rouges. Car figurez-vous que les propriétaires du Domaine Ribérach,dont l’escargot illustre les étiquettes des vins, possèdent non seulement du Carignan donnant des raisins rouges et blancs, plants déjà rencontrés ailleurs en Languedoc et en Roussillon, mais aussi du gris, un raisin qui me paraît beaucoup plus rare. 

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Ribérach, installé dans une partie de l'ancienne cave, donne des vins que semble apprécier le journaliste Patrick Fiévez...

Un gris qu’ils isolent du reste pour vinifier un remarquable blanc à la robe dorée. Ce Vin de pays des Côtes Catalanes, issu d’une vigne plantée en 1905, toujours complété dans son assemblage final par l’apport d’un peu de carignan blanc, s’appelle «Hypothèse». La version 2009, goûtée en compagnie de Patrick Fiévez (encore un journaliste belge), un connaisseur, est commercialisée à 24€ la bouteille et il vaut son pesant de petit gris si possible grillés lentement à la braise des sarments. Charnu, gras mais joliment charpenté, intensément pur, ce vin peu commun offre l’avantage de s’achever sur une note de fraîcheur langoureuse. À défaut d’escargots, testez-le sur des anchois frais pas trop marinés, à peine cuits par les grains de sel. Vous ne le regretterez pas.

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Et à propos de gastéropode, puisque c’est l’emblème de Ribrach, prenez le temps de relire ce qu’écrivait sur le sujet l’érudit vigneron de Vingrau, à quelques collines de Bélesta, j’ai nommé Hervé Bizeul (ICI).

Michel Smith

 

 

 

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