Cette année, ça commence par ça. Et aussi par ça. Et moi j’aime. J'aime sans aucune honte. D’autres détestent. Le pire, c’est qu’ils ont le droit… Mais moi, en amoureux du Beaujolais, leur réaction me navre.
On va dire que j’extrapole, que je suis vieux jeu, facho, réac et tout ce qui va avec. Mais si j’ai parfois envie de taper du poing sur la table, c’est parce que des gens tentent de troubler la fiesta beaujolaise. Il règne ces jours-ci une drôle d’ambiance sur le Net. Comme chaque année, à l’approche du deadline Beaujolais Nouveau, il est de bon ton de se moquer, de relancer ce débat d’un autre âge qui consiste d’abord à dire que le Beaujolais Nouveau n’est pas un vrai vin, que c’est un gadget, un ersatz de jus de raisin, qu’il est archi trafiqué, sucré, acidifié, parfumé à la sauce chimique, qu’il pue la banane et la violette, qu’il est tantôt cerise tantôt framboise et, last but not the least, qu’il porte atteinte à l’existence même du Beaujolais et du Beaujolais Villages, sans oublier les crus, appellations d’origines protégées que les puristes – et ils n’ont pas tout à fait tort – ne jurent bonnes et goûtables qu’après Pâques.
Dernières piques à l’égard de mon beaujolpif chéri, il semble tout à fait logique à certains aboyeurs de décrier Inter Beaujolais l’organisme mis en place par les vignerons eux-mêmes, mais aussi par les coopératives et les négociants pour aider l’ensemble de la région à se sortir au mieux du marasme économique qu’elle traverse depuis longtemps. Je ne connais plus les responsables d’Inter Beaujolais (l’Union Interprofessionnelle des Vins du Beaujolais) et, depuis que j’ai pris un peu de recul, je n’ai plus de réels rapports avec ces messieurs dames du Boulevard Vermorel à Villefrance-sur-Saône. Qu’il y ait parmi eux quelques personnages sans grande valeur, c’est probable. Qu’il y ait des opérations contestables, cela se peut aussi. Mais de là à mettre tout le monde dans le même sac et à couvrir d’opprobre cet organisme, je ne suis plus d’accord. L'autre aspect des choses qui m'énerve au plus haut point c'est de crier à tout va pi que pende sur le négoce. Que voulez vous, j'aime aussi les vins de Duboeuf, de Mommessin ou de Fessy et je considère qu'en disant cela je ne commets pas une faute de goût.
Il suffit de considérer les difficultés que rencontre à l’heure actuelle la quasi-totalité des appellations viticoles françaises pour comprendre qu’il est impératif désormais de se serrer les coudes, d’encourager et de soutenir le travail des organismes fédérateurs pour gérer au mieux le marché, la communication, la promotion et l’administration. Rendez-vous compte, les méchants snipers qui sévissent actuellement sur la toile, certains issus des rangs vignerons (quelle honte !), sont les premiers à démolir le travail fait pour accompagner la sortie du Beaujolais nouveau, le seul événement qui fait rentrer un peu d'argent dans le vignoble. Par-dessus tout, les démolisseurs détestent cette guillerette chansonnette qui sert aujourd’hui de jingle à la campagne de pub sur les chaînes de radio. Rendez-vous compte, ils ont même osé une sonnerie spéciale pour Iphone !
Et alors ? Pourquoi ne pas communiquer de manière joyeuse sur le Beaujolais Nouveau ? Pourquoi ne pas inventer une rengaine festive pour accompagner un vin qui l’est tout autant ? Pourquoi ne pas être fier d’un vin qui a connu le succès dans toutes les capitales du monde au point que l'on organisait des courses pour le faire venir chaque année ? Les vrais ringards dans cette histoire ce sont à mes yeux les critiques toujours aussi sectaires qui sévissent de plus en plus et qui se croient tout permis pour imposer leur style de vin tout en dénigrant les autres.
Alors, basta ! Peu importe les critiques. Moi, aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec mon Beaujolais Nouveau. Et vous aussi avec le vôtre j’espère ? Allons-y ! C'est une manière comme une autre de lutter contre la connerie ambiante.
Michel Smith