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POURQUOI CE BLOG?

Ce blog est né de l'heureux hasard d'une rencontre, en 2010, au Salon des Vins de Loire d'Angers, autour d'un verre de rosé de Bourgueil - celui de Pierre Jacques Druet. Il y avait là cinq "plumitifs" du vin. Le rosé aidant, l'idée a germé de créer un espace commun.
Parce qu'à cinq, on peut aborder plus de thèmes.
Parce qu'on peut débattre.
Parce qu'on peut partager. Des coups de coeur, des coups de gueule, de l'expérience.
Et qu'est-ce que le vin sinon une boisson de partage?
De ces cinq, certains sont déjà des blogueurs confirmés, d'autres non.
Comme il y a les 5 sens, il y  a maintenant les 5 du Vin.

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David Cobbold (Eccevino) est le plus français des journalistes anglais du vin, ou vice versa. Il a reçu en 2011 le Wine Blog Trophy pour  son blog, More than Just Wine.

Jim Budd, sujet de sa Gracieuse Majesté, est journaliste pour diverses revues britanniques. Amoureux des vins de Loire, il leur consacre un blog, Jim's Loire, primé en 2009 du Wine Blog Trophy.

Hervé Lalau est un journaliste français écrivant pour diverses revues et sites français, belges, suisses et canadiens. Son blog "Chroniques Vineuses" lui a valu le Wine Blog Trophy en 2010.

Michel Smith, PourLeVin, est un journaliste français établi en Roussillon, travaillant pour diverses revues et guides en France. Il s'intitule lui-même "Journaliste en Vins et autres Plats de Résistance".

Marc Vanhellemont est un journaliste belge travaillant pour divers magazines en Belgique et en France. Incontournable, sauf par la face nord.

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 00:09

Fait chaud mais je ne lâcherai pas le morceau mon petit Pol Hochon a raison et vous avez tort de le prendre pour un avorton...

Aussi bizarre que cela puisse paraître les pépiements de la Clairette, tels des activateurs de croissance, boostaient le petit Hochon dans l'entreprise de rangement de son petit intérieur très caverne d'Ali Baba. Ils l'isolaient du monde, lui donnaient le sentiment qu'il était seul au monde. Son baiser furtif, agrémenté de son parfum floral, agissait tel un révélateur. Il murmurait « comment n'y ai-je pas pensé plus tôt ! » Intriguée, la petite reprenait «  à quoi t'as pas pensé plus tôt ? A moi... » Du tac au tac il répondait « si c'est à quoi, ce ne peut-être à toi... » Elle croisait les bras. Ses seins pigeonnaient. « Tu m'embrouilles... » En se balançant sur son fauteuil il matait le spectacle « mais non jeune bécasse je me contente de reprendre ton français approximatif... » Courroucée la petite Fougère s'ébrouait  « Tes yeux, eux, ne sont pas approximatifs prédator... » Il l'attrapait par la taille «  la prédation c'est la vie... »

 

Lorsqu'ils s'installèrent à la terrasse du Sélect, les yeux dans le flou et l'âme légère, après avoir uni le mot et la chose, le temps de l'explication était venue. Pol, sérieux de chez sérieux, fit part à Clairette de son illumination. La découverte du  maillon faible du système : les jeunes louveteaux aux ratiches aigües n'attendaient que lui pour se faire les vieilles barbes. A grands traits il traçait leurs portraits et comme il évoquait les tablettes de chocolat moulées sous un tee-shirt blanc, le regard bleu électrique, le collier d'or jaune, la gourmette du même métal et le jeans moule bite de Laurent Dieulefit que la petite Fougère sortait une arme fatale. Elle gloussait « Celui-là je me le fais ! » Pol protestait. Elle s’en fichait  lui intimait l'ordre d’appeler ce bellâtre. Le petit Hochon surpris répliquait « Pour lui dire quoi ? » La réponse claquait «  De venir me voir ! » Pol se rengorgeait « C'est quoi ce plan foireux ? » Avec une petite moue boudeuse accrochée à sa jolie bouche pulpeuse elle lui répondait « c'est ma contribution perso au sacre de mon seigneur et maître Pol Hochon. Tu ne croyais pas tout de même mon beau  que j'allais laisser ta Lucienne faire tout le taf... »  

 

Le Laurent Dieulefit eut droit au grand jeu. L'entrée de la petite Fougère au bar du Fouquet's draina les regards concupiscents et les autres. Elle avait osée le costume marin ultra short et plus si affinités, à couper le souffle. D'ailleurs le Laurent manquait d'air lorsqu'elle lui tendait la main en minaudant «  J’peux m'asseoir à côté de toi... » Ce qu'elle faisait avant même que le bellâtre puisse prononcer son premier mot. Pol tentait une plaisanterie pour l'aider à retrouver de l'oxygène « Alors moussaillon le Pacha t'a donné la permission de minuit ? » qui s'écrasait aussi salement qu’une mouche à bœuf sur un porte-avion, sans le moindre bruit. Clairette occupait l'espace, en chair et en paroles. Voletait. Brassait un air considérable. Elle était liane, se faisait aguicheuse puis boudeuse, voluptueuse puis mystérieuse. Laurent tétanisé se raccrochait à la contemplation des cuisses lisses et pain d'épices de la belle. Il faisait eau de toutes parts, s’épandait. Le petit Hochon admirait en connaisseur le tableau d’un assaut qui ne pouvait que déboucher que sur une capitulation sans condition.

 

à suivre

 

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 00:09

Toujours d'attaque, toujours présent, un véritable sparadrap ce Pol Hochon, faut vous y faire c'est ainsi que ce font les grandes carrières de Président.

 

La stratégie de Pol Hochon était de le mettre en confiance, faire celui qui depuis le premier jour avait su sentir sous la bogue rugueuse de Paillard, le mal nommé, un homme de conviction, un mal-aimé qui méritait mieux que le poste de trésorier du syndicat de défense, un vigneron méconnu qui ne demandait qu'à sortir en pleine lumière. Le petit Pol fit de la commisération positive, en fines couches, gras sur maigre, tel un maître de la Renaissance. Ainsi enduit de considération le Paillard déballa sa marchandise d'un bloc. Véhément, avec la méchanceté des faibles, il ne se fit pas prier pour dresser les CV publics et privés de ses honorables confrères, n'omettant aucun détail, même les plus croustillants, toujours à charge, du fiel pur jus, rien que du miel pour le petit Hochon. Tout autre que lui se serait précipité dans la brèche, aurait profité du boulevard ouvert par les confidences du délateur à la triste figure. Pol se garda d'une telle hâte, il lui fallait laisser l'aigre mariner dans son jus rance. Bien sûr, il assura Paillard de son silence de tombe et qu'il saurait en son temps se souvenir de la confiance qu'il lui avait accordée en effectuant une démarche aussi difficile. Qui trahi trahira ! Le petit Hochon cantonnerait Paillard dans un rôle d'utilité avant de le renvoyer dans les ténèbres extérieures.  

 

Afin de sceller l'ignominie, Pol dégaina l'arme fatale pour un grippe-sou: lui demander une faveur, en l'occurrence l'échange d'une parcelle de vigne, jouxtant la propriété de Paillard, contre une autre, enclavée dans son domaine qu'un héritage avait fait tomber dans l'escarcelle du père de Lucienne. Paillard n'y perdrait pas au change, la parcelle de Lucienne avait bien plus de valeur que la sienne. Des vieux Carignan superbes qui émoustillaient un certain Michel, goûteur de vin de son état, un autre parigot exilé chez les catalans. Et pourtant, sitôt la proposition faite, il ne pu s'empêcher de demander une compensation, qu'à son grand étonnement le petit Hochon lui accorda sans broncher, payant ainsi la première traite de la trahison de ce grand crétin. Pour faire bon poids, avant que Paillard ne descende du train, il lui glissait un billet dans la main, pour le prix du billet, en sachant pertinemment que Paillard n'avait pas engagé sur ses fonds propres cette folle dépense. Il y avait du Clémenceau dans le jeune Hochon.

 

A son retour dans la ville capitale, le petit Pol s'ingénia à ne rien faire laissant décanter dans sa cervelle éruptive le fatras d'ignominies que Paillard y avait déversé. La petite Fougère se passionnait pour le commerce équitable et les soldes des boutiques de fripes et chiffons étiquetés aux prix des grands crus. Elle s'était fait tatouer, pour faire plaisir à Pol, un papillon sur l'épaule gauche. Le jeune Hochon eut préféré le haut de la fesse gauche mais la Clairette n'en faisait qu'à sa tête. Entre deux siestes, le petit Hochon noircissait les pages d'un carnet de chantier en dessinant des bulles qu'il reliait entre elles par des flèches formant ainsi d'étranges galaxies qui intriguaient fort sa tendre protégée « mon Pol d'am tu m'inquiètes. Tu me fais un coup de boulgour. Depuis ton retour, tu n’es pas dans ton assiette. Tout ça va mal finir mon p’tit cœur en sucre. Si tu continues de patauger dans le coaltar je sonne ta Lucienne. Au moins, elle, tu l'écouteras... » lui disait-elle en contemplant ses ongles de pied qu'elle venait de badigeonner de vernis nacré rose fluo pétant. «Tu crois que ça ira avec mes tongs Dolce Gabanna grand manitou ?» ajoutait-elle en lui claquant une bise sucrée dans le gras de son cou.

 

 à suivre...

 

Jacques Berthomeau

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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 08:43

Au risque de vous surprendre j’ai même rencontré la semaine passée une lectrice de mon feuilleton dominical, alors ça encourage à perdurer, à continuer de creuser le sillon, à vous faire progresser dans la connaissance du terroir profond.


 

La première fois qu'il sortit du bois, lors d'une paisible assemblée générale de la cave coopérative, le petit Hochon le fit avec doigté, sobrement, par la bande. En l'occurrence, la bande, c'était Bourré, le directeur de la cave, avec qui il avait su nouer des liens de confiance, un petit service par ci pour le gamin, un petit cadeau par là pour l'intéressé, amateur de semences potagères oubliées. Pol lui suggéra de glisser dans le discours du président une petite phrase qui ferait grand bruit: dans la prochaine promotion du poireau, l'infatigable José Tournassant, le promoteur pugnace des vins de pays de la croupe schisteuse du Val-Perdu-et -Oublié, depuis toujours membre du conseil d'administration sans jamais avoir brigué le moindre poste, se verrait attribuer la croix de chevalier. Stupeur dans les rangs assoupis !

Applaudissements nourris des ventres qui criaient famine.

 

Petit à petit, toujours dans l'ombre, le petit Hochon tissait sa toile avec une volupté intérieure, araigne patiente mais sans pitié. En dépit de cette stratégie couleur de muraille, et c'était là le but recherché, dans tout le canton et au-delà, tous murmuraient que malgré son air con, ce Pol Hochon il avait le bras long. Plus les jours passaient, à chacune de ses apparitions, le ballet des frelons se mettait en action, tournoyait dans tous les espaces où le nouvel homme d'influence se mouvait affublé de son inaltérable discrétion. Lucienne, plus Lucienne que jamais, distillait dans les petits commerces des informations de première main, lâchait à la moindre occasion que son jeune Pol, fort occupé dans ses sphères élevées saurait le moment venu trier entre le bon grain et l'ivraie. Elle alla jusqu'à confier aux dames huppées qu'ils allaient sans doute se Pacser. Bref, l'annonce d'une venue de Pol provoquait de quasi-révolutions, tous voulaient tuer le veau gras pour le retour de l'enfant prodigue, sauf les chefs de tribus qui s'inquiétaient en secret de la popularité de ce trublion.


Pol calma le jeu en déclarant le soir du banquet du club des boulistes, avec décontraction et une once de sérieux, que son unique ambition était d'aider ce beau pays où il avait trouvé chaussure à son pied. Lucienne avait rougi. Sa popularité en fut encore grandie. Le clan du TGV prit peur, se réunit en catimini pour décider de ne rien décider vu que, en dépit du souci causé par ce petit con de Pol Hochon, la seule stratégie était d'attendre et voir jusqu'où son bras long irait se nicher. Même les plus remontés craignaient un retour de bâton du Hochon si on allait lui chercher noise. Les conjurés se jurèrent d'être muets. Le soir même, le petit Hochon fut à peine surpris de voir grimper dans son wagon, à la première station sur le chemin du retour, Alceste Paillard tripatouillant sa casquette comme un collégien surpris à la sortie d'un claque. 

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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 00:14

Je sais, tout le monde se tamponne des histoires de Pol Hochon mais, que voulez-vous , je suis ainsi fait, quand j'ai commencé l'ouvrage je le termine quoi qu'il m'en coûte. Alors vous aurez droit pour encore un bon bout de dimanche à la résistible ascension du petit Pol Hochon vigneron d'occasion.

 

Pol Hochon se levait de bonne heure. Le café était prêt. Il en but un grand bol, chaussa des pataugas et, suivi de Nestor le chien de la maison, il partit dans les vignes. Lui l'habitué du macadam se sentit de suite écrasé par la splendeur du lieu, le silence profond mais léger renforçait son sentiment de n'être qu'un tout petit homme sans grand intérêt. Plus il progressait dans l'océan de ceps plus il trouvait son projet dérisoire et vraiment sans intérêt. Quand il atteignait le sommet du coteau les paroles de Lucienne lui revenaient en mémoire et il reprenait courage. Le lendemain soir, lorsqu'il reposa le pied sur le quai de la gare de Lyon, toutes ces images, tous ces effluves, il les transmit à sa Clairette qui était venu le réceptionner. Ils papotèrent pendant une longue tranche de la nuit. Les dés étaient jetés. Le petit Hochon, fils du gros Hochon, propulsé par ses rêves, boosté par son pacte avec Lucienne, heureux d'éblouir Clairette par sa témérité, s'engageait le cœur léger dans une résistible ascension, une geste inutile, une forme d'élégance morale, un esthétisme gratuit, pour le meilleur et le pire. Le pire pour l'heure étant pour le présent narrateur de savoir ce qu'il va bien pouvoir inventer pour vous passionner et vous tenir en haleine.


Les premiers temps, dans toutes les manifestations où Lucienne l'emmenait, le jeune Hochon adoptait un profil bas, attentif et discret sur sa chaise, fondu dans l'anonymat des rangs du milieu pendant les AG des multiples organismes, agent dormant dans le deuxième cercle des conversations, nul ne faisait attention à lui. Lui s'imprégnait des règles non écrites du lieu, cherchait le bon bout des fils des nombreuses pelottes ou écheveaux, hochait la tête d'un air entendu aux dires des influents, applaudissait lorsqu'il fallait applaudir les envolées des orateurs, glanait avec son air de pas y toucher les rancœurs des opposants, levait son verre à bon escient. Il se fondait dans le paysage, chemise blanche ouverte, pantalon de Tergal gris de gris acheté chez Armand Thiery et, bien sûr, des grolles ringardes de chez ringard bien avachies. Dans cette parcelle de la France profonde, ce qui vient de Paris n'a que peu de crédit.

 

Et pourtant, à Paris, au Ministère des Commodités, flanqué de la petite Fougère, la Clairette, notre petit Hochon pénétrait sans vergogne le système des honneurs et des prébendes, mettait en place des bretelles de dérivation, pervertissait les fichiers; hacker soft, il investissait au  cœur du business le plus rentable, jamais obsolète, celui de la vanité des hommes. Méthodique, il emmagasinait, hiérarchisait, triait l'embrouillamini des ambitions, comptabilisait les points forts et les faiblesses des petits et gros caïmans, dressait la carte des parcours rêvés par ceux qui ambitionnaient d'avoir dans leur poche une carte d'abonnement au TGV, celui qui monte à Paris, l'Olympe des costumes gris, le Saint des Saints des parrains, loin du train-train du quotidien du terrain. Faire sa pelote des petitesses et des bassesses des présidents, petits et grands, plutôt petit que grand mais tous pensaient occuper un rang important, constituait l’acte fondateur de sa stratégie de pénétration, d’entrisme discret et efficace du milieu. Restait pour lui à se jeter à l’eau.

 

à suivre...


Jacques Berthomeau

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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 00:08

Seul contre tous, debout à la proue de mon navire à la dérive, le visage souffleté par les embruns, fier, stoïque face à une mer d’huile, meurtri par votre indifférence, je m’écrierai au lendemain d’une élection à la con de l’autre côté du Channel «et merde pour la Reine d’Angleterre qui nous a déclaré la guerre...» et je resterai à tout jamais un grand «écrivin» méconnu...  

 

Au bar du tube d'acier filant à toute allure, tout en ingurgitant un plat réchauffé aux micro-ondes et en descendant un Merlot sec comme un vieux sarment, le petit Hochon ne pouvait empêcher son cerveau fertile de tisser un carré supplémentaire au grand patchwork de son histoire. Chaluter dans l'extraordinaire, surfer sur la crête d'évènements dont on est à la fois l'architecte, le metteur en scène et bien sûr l'acteur le ravissait. Perdu dans ses rêves éveillés il fut à deux doigts de rater l'arrêt et son débarquement en catastrophe prenait une tournure de largage pathétique d’un parigot sur le quai de la gare de Narbonne. Plantée sous la pendule, Lucienne dominait la scène, souriante et élégante dans une robe d'organdi fleurie, et le charmant bibi à voilette posé sur ses cheveux de jais lui donnait un air de grande duchesse sortie incognito. Pol gauchement s'avança vers elle en tirant sur sa ridicule valise à roulettes. Il pensait: j’ai l’air d’un VRP. Sans façons, Lucienne se penchait et déposait deux bises claquantes sur ses joues empourprées par sa gesticulation pour s'extraire en catastrophe du wagon. En lui prenant le bras, elle s'enquérait, avec un léger sourire, de la qualité de son voyage. Pol fut séduit par le velours du timbre de sa voix et par l'extrême élégance de ses escarpins, chics et de bon goût.

 

Lucienne, femme de décision, lui proposa, sitôt qu'il eut balbutié une série de phrases passe partout, de se rendre pédestrement à l’Écrevisse d’Alsace qui faisait face à la gare pour qu'ils se restaurent. Bien sûr elle le formula bien mieux que cela mais le petit Hochon, tellement furieux de l'indigence de ses propos, l'entendit ainsi et se dit que vraiment il n'était pas à la hauteur ni des évènements, ni de ses ambitions littéraires. Par bonheur, Lucienne le mit à l'aise en lui parlant de la pluie et du beau temps, de tout et de rien, ce qui lui permit de retrouver ses esprits. Sitôt assis le garçon déposait sur la table deux verres de Picpoul de Pinet. Pol levait le sien et lançait: «à nous !» En écho elle lui répondait  «à nous deux !».

 

Le cristal sonnait. Pol se détendait et, avant même d'ouvrir la carte, tout à trac, d'un seul jet, il vidait son sac. Disert, il expliquait son projet par le menu. Lucienne l'écoutait avec un ravissement non dissimulé. La lumière des bougies jetait dans leurs yeux des paillettes et un fil d’Ariane se tissait imperceptiblement entre eux deux.

 

Le vin était bon. Lucienne l'écoutait. Au dessert, les mots n'étaient plus nécessaires. Leur pacte scellé dans le marbre de l'amitié ils sentaient qu'ils venaient d'ouvrir un large portail sur de l'extraordinaire, et que même s'ils étaient un peu pompette, demain serait un beau jour. Pol, dans son euphorie, ne sentait pas dans son dos les regards lourds des gens honnêtes qui déjà fabulaient sur cette Lucienne qui s'affichait avec un jeunot qui avait une tête de parigot. Faut avouer que la Lucienne n'en était pas à son coup d'essai dans le domaine du défrisage des «ça ne se fait pas».

 

Depuis que son père, pharmacien du village, s'en était allé dans le ciel des athées, et qu'à 18 ans elle avait décidé de reprendre les vignes familiales, elle s'ingéniait à ne rien faire comme tout le monde, non par esprit de contradiction, mais par indépendance d'esprit. Dans le désordre, et sans volonté d'exhaustivité, elle était restée fidèle adhérente à la cave coopérative pour la part du vignoble héritée de son père, et elle faisait son vin pour les vignes qu'elle avait acquis au fur et à mesure des années ; elle ne s'était jamais mariée ; elle avait deux enfants ; elle chantait à la chorale;  pratiquait le roller; parlait anglais; voyageait beaucoup; gagnait de l'argent; aimait les fêtes et les toilettes; restait loin des combines des multiples chefs de tribus.

 

à suivre...

 

Jacques Berthomeau

 

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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 00:05

Bien sûr je ne cartonne pas avec mon vigneron d’occasion, les grands écrivains sont souvent méconnus, les petits aussi d’ailleurs mais qu’importe, je suis comme le cep bien accroché et le temps est mon meilleur allié. Comme le chantait Alain Souchon «On avance, on avance, c’est une évidence...» et le vif du sujet se profile à l’horizon chers lecteurs. Pour les autres: que puis-je leur dire ? Vous avez sans doute raison, mais il se peut bien qu’un jour vous vous disiez que vous eûtes tort !

 

Et c'est ainsi que dès le lendemain, en position de détaché de son Administration d’origine, Pol Hochon se trouvait rattaché à celle des Commodités et il gagnait le bureau d’un pas guilleret celui que le chef de cabinet venait de lui affecter pour initier la belle Fougère aux mystères de la dévolution des médailles et aux méandres du courrier adressé à monsieur le Ministre des Commodités par tous les prébendiers de France et de Navarre. Tout alla pour le mieux dans le meilleur des mondes car la petite était espiègle, vive et surtout affichait un désintérêt notoire pour la gloriole et le piston, fond de commerce du bureau, ce qui laissait au jeune Hochon tout le loisir de décortiquer la mécanique des honneurs. Clairette – le petit Hochon l'appelait ainsi – scotchée à son Ipod, se contentait de pourvoir à l'intendance : café et croissants le matin, thé et douceurs l’après-midi, et au terme de leur journée de labeur, de le tirer au-dehors pour l'entraîner vers des lieux improbables où des groupes déjantés se la pétaient grave en dépotant des tonnes de décibels pimentées de dialectes zupiens ou britishiens ou les deux ensemble.


Pour autant, la petite, propre sur elle, ne jouait pas les zonardes, elle allait, disait-elle, respirer un autre air avant de s'engager dans une ONG alter quelque chose ou de se présenter au casting de la Nouvelle Star. Clairette n'était pas trop fixée sur son avenir et elle appréciait à sa juste valeur la prévenance et les attentions du petit Pol Hochon. En after – fête après la fête – la tête posée sur son épaule elle lui disait de sa voix au timbre net «allez mon Pol d’am, sois gentil, parle moi de Lucienne... des vignes... de la vraie vie... tu racontes si bien... fais moi plaisir mon choco d'amour dis-moi encore une fois comment tu vas devenir un des grands chefs sioux du Sud...» Vous l'avez compris, le petit Hochon avait très vite vendu la mèche de ses amours épistolaires à la petite Fougère qui l'avait de suite vivement encouragé à transformer ses rêves en la réalité. Alors Pol, qui ne refusait rien à sa belle Fougère, se laissait aller à conter ses nouvelles aventures. Clairette, qui s'était mis au blanc limé, buvait ses paroles dans un doux ravissement.

 

Ainsi notre Pol Hochon, un vendredi soir, s'embarquait avec son petit balluchon dans un TGV qui faisait escale à Narbonne. Sur le quai la Clairette lui envoyait des baisers du bout de ses doigts fins. Entre eux deux ce qui s'était passé n'appartenait qu'à eux deux et en faire état dans cette saga apporterait au récit sans doute d'excitantes échappées belles, de voluptueuses volutes de légèreté, de celles qui vous effleurent sans laisser de trace, pur moment de pur plaisir, mais nous distrairait par trop de la narration palpitante de la résistible ascension du petit Hochon. Imaginez chers lecteurs, laissez vous aller à cette si agréable aventure de l'esprit. Tout au long de ce premier voyage le petit Hochon pensait que ce serait sans doute le premier et le dernier car il voyait mal comment Lucienne qui dans ses écrits laissait entrevoir le profil d'une femme raisonnable, même si l'audace de sa démarche initiale relevait du panache, pourrait accepter d'entrer dans la peau d'une héroïne de roman.

 

(à suivre...)

 

Jacques Berthomeau

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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 01:12

La saga du Petit Pol Hochon va mieux au dimanche où, après le rosbif familial, le vin bouché et le cigare, juste avant de se taper une bonne sieste ou sitôt après, se laisser-aller à la légèreté me semble de rigueur. Méfiez-vous tout de même ce qui peu aujourd’hui vous sembler une bluette digne des romans-photos des années 60 pourrait bien se révéler un véritable brûlot capable d’enflammer le Landerneau des grands chefs de bande du vignoble. Suspens ! Bonne lecture du 5ième épisode.

L'exposé de l'affaire qui les rassemblait était simple. La demoiselle Fougère, prénommée Claire, ici présente, devait faire, dans le cadre de son diplôme de 3ième  cycle, un stage en entreprise, mais, pour des raisons trop longues à exposer en ce lieu, sa charmante mère, qui vous le comprendrez aisément cher monsieur Hochon, a estimé plus convenable que cette chère enfant le fisse au plus prêt d'un lieu de pouvoir, et elle a suggéré à notre Monsieur le Ministre que nous l’affection en l'un de nos bureaux. L'austère peinait comme un diesel poussif à mi-pente. Bon samaritain le petit Pol Hochon venait à son secours: «Si je vous suis bien, monsieur le chef du cabinet du Ministre des Commodités, vous sollicitez mon soutien pour que je puisse guider la charmante Claire Fougère, ici présente, au travers des méandres de votre belle administration...»

Soulagé, le comprimé opinait du bonnet. Perfide, même s'il subodorait déjà la réponse, Pol ajoutait: «cependant, si ça n'est pas indiscret et prématuré, à qui dois-je l'honneur de cette si agréable sollicitation?»
La réponse du comprimé asthmatique fusait: «à votre père qui à fait part à notre Ministre de vos éminentes prédispositions pour tout ce qui touche aux choses de l'informatique...» Cet hommage paternel, aussi insincère qu'intéressé, tirait au petit Pol Hochon un sourire carnassier avant qu'il n'ajoutât pince sans rire: «et où donc devrais-je exercer mes talents monsieur le chef de cabinet du cabinet du Ministre des Commodités?» Peu sensible à l'humour ce dernier, tout entier habité par l'ampleur de ses hautes fonctions, très jugulaire, jugulaire, lui répondait sans sourciller: «au bureau des interventions et des décorations qui est, vous vous en doutez cher monsieur Hochon, un lieu hautement stratégique de notre vénérable maison».

Afin de ne pas chagriner le titulaire d'une aussi lourde charge, le petit Hochon opinait en se fendant d'un large sourire et d'une oeuillade appuyée en direction des fondamentaux de sa nouvelle protégée.


La Claire Fougère, ravie, lui décochait un sourire force 7 appuyé d'un battement de cils aérien qui l'élevait au-dessus du commun. Alors, sur son petit nuage, le jeune Pol Hochon, bercé par les propos convenus du chef de cabinet, se laissait aller à penser, non aux charmes exquis de sa nouvelle protégée, mais à la propension de son géniteur à prendre ses semblables pour de vulgaires pions que l'on place et déplace à sa guise, en fonction de ses intérêts, sur le vaste échiquier de l'influence ; du calcul,  rien que du calcul, jamais une parcelle d'attention affectueuse. Dans sa petite tête enluminée par l'irruption de la belle Claire, il répertoriait l'art et la manière avec lesquels Paul Hochon senior avait su décrocher trois cravates de commandeur, légion d’Honneur, Mérite National et Mérite Agricole, donnant au revers de son veston des allures de maréchal de l'ex-empire des soviets, remettre une foultitude de décorations à une cotriade de récipiendaires béats, délivrer autant de discours, passer son temps à déjeuner et à dîner en ville dans les meilleurs restaurants, être toujours du bon côté du manche, conseiller l'un, appuyer l'autre, ménager la chèvre et le chou, pour en définitive se tromper souvent et, tout compte fait, n'avoir jamais vraiment agi pour son compte laissant ainsi aux autres le soin de se mouiller.

à suivre...

Jacques Berthomeau

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19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 01:39

L’intrigue se noue, notre jeune Pol Hochon, tel un petit pion poussé par le destin sur le grand échiquier de la vie, va croiser une fille en fleur en un marigot où d’ordinaire les grands crocodiles se toisent et s’entredévorent. Les hommes sont ainsi faits : leur trajectoire passe souvent par les femmes et dans cette grande saga vigneronne qui s’ébauche,  elles tiendront une place centrale. Si vous avez raté les 3 premiers épisodes, remontez le temps : c’est le lundi. Bonne semaine !

Jupe.jpgLa petite, tout en tirant sur sa jupette, croisait avec grâce ses belles gambettes

Quand l'huissier à chaîne l'introduisait dans le vaste bureau du chef de cabinet du Ministre des Commodités, le petit Hochon, perdu dans ses pensées contradictoires, ne remarquait même pas le joli brin de fille qui se tenait assise sur l'un des fauteuils visiteurs. Il se laissait choir sur le fauteuil voisin et étendait ses jambes en soufflant bruyamment. C'est le parfum de la petite, du jasmin, qui le faisait atterrir ou plus exactement le propulsait hors du fauteuil où il venait de s'avachir. Droit comme un i, figé, il balbutiait une suite de mots aussi incohérents qu'incompréhensibles. La petite lui tendait une main fine aux doigts déliés. Le petit Pol s'en saisissait avec ferveur et tremblement comme si sa vie en dépendait. Elle était fraîche et la vue de ses ongles finement nacrés fit chavirer le petit Hochon dans une forme de déréliction ouateuse. À peine remis de ce premier choc son regard recevait un second impact plus violent encore: la ligne noire d'une courte jupe en stretch tranchant le ferme arrondi de cuisses pain d'épices achevait de le transformer en une cocotte-minute au bord de l’implosion.
 
Echec et mat, sauvé par l'entrée théâtrale du chef de cabinet: un grand sec, jaunasse, tendance costume noir de croque-mort sur chemise blanche et cravate anthracite, cheveux baguettes de tambour avec épis et pellicules incorporées, avec juste ce qu'il faut de componction pour lui conférer une touche d'humanité. Le petit Hochon agitait la main osseuse qu'il lui tendait. L'autre, d'une voix fluette qui jurait avec son ascétisme, se présentait tout en invitant le petit Hochon à se rasseoir. Ce que celui-ci faisait non sans jeter un regard oblique sur les genoux de la petite qui, tout en tirant sur sa jupette, croisait avec grâce ses belles gambettes. Même l'austère derrière son bureau empire donnait des signes évidents de montée en température. Pour se donner une contenance il toussotait tout en tapotant avec une longue règle en bois le sous-main indemne de tout désordre. Petit à petit, avec le premier déclin du jour, un voile de paix et de sérénité s'étendait en ce haut lieu et Pol pensait dans son petit jardin d'intérieur que ce jour était un vraiment un beau jour. Le parfum de la petite ajoutait une note sucrée qui l’enjôlait plus encore. 
 
Soudain le jaunasse virait au cramoisi, se relevait tel un diable en boîte et balbutiait en triturant ses longues mains décharnées: «désolé, je suis profondément désolé, mademoiselle Fougère, je manque aux devoirs les plus élémentaires de la bienséance et je vous prie de bien vouloir m'en excuser. Permettez-moi de vous présenter monsieur Pol Hochon, fils de Paul Hochon un ami de notre Ministre...». L’homonymie des prénoms surprenait la petite qui susurrait «monsieur est donc Pol Hochon Junior». L’ainsi dénommé rougissait jusqu’à la pointe de ses oreilles pendant que la petite se paraît d'un sourire moqueur pour mieux vendre au chef de cabinet constipé un gros mensonge: «monsieur Hochon et moi avons déjà fait connaissance avant votre arrivée. Il a beaucoup de conversation...» Le petit Pol virait au pivoine ce qui ne l'empêchait pourtant pas, à son grand étonnement, de planter un regard franc dans les yeux de biche des bois de l'effrontée. Celle-ci l’affrontait tout en décroisant avec grâce ses belles gambettes ce qui transformait son bout de jupette en une forme de lisière du paradis terrestre. Rassuré, le chef de cabinet se rasseyait en tirant sur ses manchettes. Très imbu de ses hautes fonctions, de sa voix aigrelette il entamait  son petit compliment.

à suivre lundi prochain...

 

Jacques Berthomeau

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 01:11

C’est le troisième épisode d’une saga qui fera date dans le vignoble français, une forme de Dallas du terroir avec ses intrigues amoureuses, ses coups tordus. Prendre le train à temps vous évitera de vous entendre dire plus tard par des amis goguenards: alors, tu en étais? Bonne lecture de début de semaine!

Avec sa pointe Bic qui ressemblait maintenant à une rognure d'asperge, le petit Pol Hochon dessinait un grand cœur sur un bloc sténo et, avec application, d'une oreillette à l'autre, il mêlait leurs prénoms: Lucienne et Pol, puis d'un geste vif, le transperçait d'une flèche. Sur l'écran, impassible, Lucienne observait ses enfantillages avec bienveillance. Au fur et à mesure des minutes qui s'égrenaient, le petit Hochon trouvait à cette femme tombée du ciel des qualités qui transcendaient le seul attrait des 40 hectares de vigne d'un bon terroir dont je tairais le nom pour de bonnes raisons. Lucienne était simple et habillée avec goût, elle écrivait dans une langue précise et agréable, elle s'exprimait avec franchise et humour, ce qui,  par les temps qui courent, est rare. Pol n'aimait rien tant que la rareté, les êtres au bord des lignes, ceux qui s'exposent sans pour autant se mettre en avant, les aventuriers du quotidien qui chaque matin ont le courage de prendre leur vie comme elle vient, avec bonheur et pugnacité.

Hochon3.jpg

 


Le petit Hochon imprimait message et photo, les glissait dans une grande enveloppe kraft qu'il s'empressait de glisser dans son vieux cartable avachi. Ce cartable lui donnait des faux airs de potache attardé et ses chers collègues du Cadastre Viticole Informatisé ne manquaient jamais une occasion de le chambrer à son sujet. «Pol, tu te la pètes grave ! Tu trimballes quoi au juste dans ta vache? Des revues pornos ? Ton calbar de rechange et ta brosse à dents au cas où... Arrête de rêver, Hochon, tu finiras comme nous tous entre la tondeuse à gazon et les courses à Carrefour avec mémère et les chiarres derrière! T'es qu'un bêcheur avec tes jeans, tes vestes de minet et tes petites lunettes d'intello... Tu te la joues, mec !»

Il les laissait dire et pour les calmer il leur payait une mousse à l'occasion en bavassant avec eux de leur sujet de prédilection: le foot. Pol jouait à merveille des antagonismes opposant le clan des parisiens du PSG  aux sudistes de l’OM.


Tout en remontant la rue du Bac pour se rendre à son lieu de rendez-vous Pol tournait dans sa tête la jolie réponse qu'il allait trousser à Lucienne. Car bien sûr il allait répondre à Lucienne. Sa proposition était too much et il ne voyait que des avantages à lui faire part de son vif intérêt. Marquer des points d'entrée participait d'une stratégie de guerre éclair. En effet, le petit Hochon, conscient de sa faible envergure, estimait qu'il lui fallait se présenter sous son meilleur jour sans pour autant trop dorer la pilule et prendre le risque de décevoir. Le champ nouveau pour lui de la tendresse valait bien de sa part des méthodes culturales innovantes. En passant au long de la litanie de CRS et autres gendarmes mobiles en faction sur son parcours Pol se sentait léger, d'une incroyable légèreté même si tout en haut de sa tête en ébullition une petite voix lui serinait que dans un sac de nœuds y’a plein de nœuds et que les nœuds faut les défaire un par un... Il se tamponnait de la ritournelle des nœuds et marchait d'un bon pas.

A suivre... lundi prochain

Jacques Berthomeau

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5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 00:18

It's Berthoday, voici donc le second épisode de la saga du petit Pol Hochon, vigneron d’occasion. Pour ceux qui n’auraient pas eu la chance d’entrapercevoir le premier épisode publié lundi dernier, il suffit de s’y reporter. Pour ceux qui n’en ont rien à cirer de mes élucubrations sur les grandeurs et les servitudes d’un modeste fonctionnaire du cadastre viticole informatisé, la seule solution, c’est de zapper. Qu’ils me permettent de leur dire que sous cette fable, fort légère, dans les épisodes qui vont suivre, la réalité se fera un plaisir de rattraper la fiction. Bonne lecture aux audacieux et aux courageux.

-1-copie-4.jpgUn classique d'époque

À ce petit jeu là, le petit Pol Hochon, même s'il cachait la réalité derrière son petit doigt, filait tout droit vers la triste position de vieux garçon. Qui, quelle jeune fille de bonne famille, quelle donzelle délurée, quelle biche aux lèvres camélia, pourrait avoir envie de passer sa vie aux côtés d'un petit attaché de deuxième classe de la DGDDI ? Au total, pas grand monde, et notre petit Pol Hochon, lorsqu'il lorgnait dans le fin fond de sa sous-direction, ne voyait aux alentours que des laiderons. Bien sûr, comme ce garçon n'avait aucune prévention il s'échinait à faire plaisir à ses consœurs sans aucune distinction de sex-appeal, d’âge, ou de position hiérarchique, ce qui faisait dire de lui que c'était vraiment un charmant garçon. Toujours dans la même veine, notre petit Pol, pour faire plaisir à son auguste père, cultivait des relations, des copains de promotion du gros Paul Hochon, des messieurs qu'avaient pignon sur rue et qu'auraient pu, si le petit Hochon l'avait voulu, lui faire monter des échelons à grand coup de piston.

Le petit Pol Hochon, contrairement à son papa, ne mangeait pas de ce pain là. Et pourtant, un beau matin du mois de mai, un des rares jours travaillés de ce mois, lorsque le chef du cabinet du Ministre des Commodités*, par secrétaire interposée, le faisait mander en son bureau du premier étage de l'Hôtel de Quincampoix, juste avant l'heure du dîner, il accepta sans hésiter en se disant que ça lui changerait les idées. Après réflexion, notre Hochon, qui avait comme second prénom Léon, concevait des regrets, se disait que c'était encore une invention de son géniteur et il passa des heures, à tourner et retourner dans sa petite tête, les bonnes raisons qu'ils pourraient inventer pour faire faux bond. Tout chamboulé il en oubliait de déjeuner. Tout l'après-midi, il mordillait le bout d'une malheureuse pointe Bic en observant le chassé croisé de deux grosses mouches, aussi bruyantes qu'énervantes, dans leur absurde volonté de s'échapper de son bureau par la seule fenêtre fermée ; des idiotes du même acabit que lui...

Aux alentours de cinq heures le vide se fit autour de lui. Resté seul à l'étage le petit Pol Hochon ouvrait sa messagerie de cœur. Elle était pleine à craquer. Découragé par l'abondance, il fut à deux doigts de la refermer sans même avoir consulté les messages de ses belles enamourées. Par bonheur, l'intitulé de l'un d'eux l'intriguait. Il le lut à haute voix «Vigneronne accorte, vigoureuse et sérieuse, cherche tendresse et pense frapper ici à la bonne adresse...» Souffle court, intrigué, il cliquait sur l'icône et le texte s'épandait sur toute la surface de son écran. Un texte charmant, vivant qui le plongeait dans un abîme de perplexité. Une pièce jointe y était annexée. Il l'ouvrait. Après un temps de chargement, une photo en pied de la Lucienne en question – c'était le prénom de la signature du texte bien tourné – le contemplait tout sourire.

"La totale", aurait dit ce chenapan d'Alex, son neveu, le fils de sa sœur, la dame d'un certain âge ne doutait de rien et, à son grand étonnement, il trouvait ça bien. Elle n'avait pas jeté son dévolu sur sa petite personne au hasard, son choix relevait d'une vraie étude de marché. Pour ceux que ça choquerait, rappelons que dans le domaine de la tendresse c'est une aussi jolie façon de faire que de s'en remettre aux habituelles conventions.
A suivre...lundi prochain

Jacques Berthomeau

 

* Commodités : traduction de l'anglais Commodities 

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