Avec sa gastro, Michel en a vu de toutes les couleurs
Ceux qui, horrifiés, ont suivi le dramatique et ravageur parcours de la gastro du Salon des Vins d’Angers 2010 (promis, juré, c’est la dernière fois que je l’évoque) savent que je m’en suis sorti grâce au thé vert et au bouillon de légumes. Évidemment, je me suis vite trouvé dans l’obligation de dénicher un breuvage d’appoint un peu plus à la hauteur de ma position sociale – et de ma réputation - afin d’adoucir mes désagréments intestinaux et de me refaire une santé.
Figurez-vous qu’un simple carignan a fait l’affaire et a su réchauffer mon corps ô combien meurtri.
Sa dénomination ? Vin de Pays des Coteaux du Littoral Audois (oui, oui, ça existe !). Son nom ? La Mauvaise Réputation. Son vigneron ? Alban Michel, un gars fou de Brassens au point qu’il a baptisé son domaine Les Sabots d’Hélène (www.au12.com/helene/).
Au passage, Hélène est aussi le prénom de sa compagne, qui participe activement à la création d’étiquettes iconoclastes pour des vins qui ne le sont pas moins. Descendu de Lorraine (avec ses gros sabots) via la vallée du Rhône il y a quelques années pour s’établir enfin non loin de Perpignan dans les Corbières maritimes, le type s’est vite imposé dans le PVL.
Le Paysage Viticole Local, si vous préférez.
Au village, sans prétention...
Oui, c’est un vin baraqué mais fin, sensible. Ce carignan-là a aussi des tannins, certes un peu secs, j’en conviens, mais qui font office de colonne vertébrale venant s’ajouter à une structure déjà bien construite basée sur l’acidité naturelle du cépage.
C’est dans ces moments-là, lorsque l’on constate, contre toute attente, que le vin n’est ni lourd ni empoté, qu’on se dit que le sieur carignan est vraiment un cépage bien adapté au Midi. Bref, malgré sa puissance, le vin a de l’élan en plus d’un bâti solide qui va lui assurer une bonne garde, de l’ordre de 10 à 15 ans tellement il est bien vinifié. Je vide, que dis-je, je sirotte le même flacon depuis quatre jours par petites gorgées, à 14° de température, et, à chaque fois, il me réserve des surprises différentes. Et je m’auto congratule en me disant que j’ai eu raison de préconiser une petite garde à mes lecteurs quand, en son temps, je fus bien inspiré de leur recommander ce bougre de vigneron voyageur qui, comme beaucoup d’autres, a choisi de refaire sa vie dans le Midi.
Au passage, je recommande aussi cette bouteille à un restaurant éponyme découvert par hasard sur le net et qui se trouve au centre de Liège (www.2.resto.be/lessabotsdhelene/).
Pour une fois que je m’immisce dans les affaires belges…
Michel Smith