Carignan, cet ancien nouveau cépage... Faut pas laisser les potes tout seul à se dépatouiller avec leur argumentation hebdomadaire sans de temps en temps donner un coup de main. Le Carignan, j’écris toujours le nom des cépages avec une majuscule, c’est totalement contraire à la typographie, mais sincèrement j’en ai rien à battre, encore moins dans un blog… Donc le Carignan compte parmi les cépages des plus intéressants, z’avez dû vous en apercevoir depuis quelques semaines.
Voici celui de Luc le toubib, qui depuis bientôt six années passe sa vie à tailler, ébourgeonner, rouler en tracteur (ça c’est fun, pas longtemps), vendanger, vinifier, angoisser, jouir (du résultat bien entendu !), porter des cartons… dites docteur, comment va votre dos ?
Ah, rouler en tracteur...
Mais quand la passion vous prend, un peu de blabla avant l’objet du sujet, il est très important de bien cadrer les situations !
L’investissement autant en temps que pécuniaire ne compte guère. Quoique les comptes ça compte, on ne vit, ni ne crée, sans un viatique minimal, d’ailleurs Luc le dit: «j’habite à l’étage et la culture des vignes, la vinification, la distribution, la comptabilité, le nettoyage ... reposent essentiellement sur mon dos de quinquagénaire passionné, réalisant ainsi mon rêve de toujours…».
Ses proches garde toutefois grande importance à ses yeux et grande place dans son cœur. La Loute en témoigne.
Les vieux Carignans de Luc
Voilà on y arrive à ce Carignan !
La Loute de Coume Majou 2007 Vin de Pays des Côtes Catalanes
Une petite robe grenat carminé. Le nez certes mutin, mais guère expressif, c’est qu’elle est farouche la Loute et ne se laisse pas respirer au premier nez. Il faut insister pour qu’elle vous mette sous les narines son doux parfum de fruits rouges et d’agrumes. Sa bouche n’est pas gourmande, cela nous aurait déçus. Mais, elle s’ouvre d’un coup. Surprise ! Et nous balance en pleine figure des violettes, du zan et des cerises confites. Les tanins se serrent comme sa robe autour d’une maille stricte aux grains fins, le minéral s’y tresse entre les torsades fruitées.
Un conseil, pour en jouir en toute impunité, jetez-la dans une carafe.
Une seule parcelle
Plantée de Carignan vieux de 87 ans. Ils regardent du sommet de la Coume Majou les schistes noirs et grossiers, chaud de soleil, sec comme l’herbe qui ne pousse plus. Leur profond enracinement leurs permet de résister aux conditions extrêmes de cette combe infernale. Les rendements n’y nourrissent pas son homme, 15 hl/ha au mieux.
«C’est une mini cuvée, mais ce Carignan m’a séduit autant qu’à mon œnologue, les tanins sont splendides, j’ai essayé de lui faire donner tout ce qu’il pouvait».
Et jouir du résultat...
Les raisins concentrés se foulent et se pigent aux pieds durant 5 jours. La vendange macère ensuite pendant 25 jours, le temps de terminer la FA. La FML ne s’est produite qu’en novembre. Le vin s’est gardé sous atmosphère de CO2 et s’est nourri de ses lies fines. Le mois de mai assista à la mise sans collage ni filtration.
Quant à l’étiquette, Luc nous confie : «L’étiquette est repiquée d’un fusain réalisé à la Place du Tertre en novembre 2004, et « Loute » est le surnom du modèle. Sa couleur préférée est le bleu.».
La Loute
Un bel exemple de Carignan, j’y passe cette fin de semaine à la Coume Majou, j’y dégusterai le dernier millésime et vous dirai quoi, comme on dit chez nous
Bye!
Contact: charlier.luc@wanadoo.fr
Marc Vanhellemont