...quand les vignerons se font remonter les bretelles…
Le week-end dernier, je participais au concours des Baux en Provence. Un challenge convivial qui vise à récompenser un vin par catégorie : rouges, rosés et blancs de cuve et d’élevage. Ma table jugeait ces deux derniers. Tout d’abord, les 2009, frais, enjôleurs, floraux, au fruité élégant, se départagèrent avec difficulté, chacun ayant son favori, un vrai concours quoi, tout semblait aller pour le mieux…
C'est ça qu'on gagne, ça roule pas très bien et pas bien droit...
Arrivent les suivants, blancs élevés pour la plupart en barriques, chaque juré les évalue, puis on en discute. Lors de tour de table habituel, tout le monde les considère tous oxydés, et je dois acquiescer. En effet, ces 2008 présentaient une pointe d’oxydation, certes, certes, certes, mais avec un ressort et une fraîcheur qui sous-tendaient les matières riches, les arrondis suaves, les densités fruités et confites. C’est un style, après on aime ou on n’aime pas, Éloi en fait du comme ça, p. ex.
Pas de chance, notre cher président de table est œnologue.
Calmos, ses pairs! Je n’ai rien contre cette utile profession, mais comme chaque corporation, elle a son lot d’exécuteurs scrupuleux de la règle établie. Bref, quand un blanc présente une petite oxydation toute mignonne, eh bien môssieur, ça ne lui va pas du tout. On lui rajoute de l’éthanal, tant qu’on y est, et puis de la volatile. On assène tous ces défauts impardonnables en place publique et en pleine remise des prix, devant un aréopage de qualité, parmi lesquels, les vignerons incriminés. Personne ne moufte, moi pas plus qu’un autre, l’affaire est close, mais ennuie…
Avouez que c'est Baux!
Tout le monde peut se tromper, moi le premier. Pour en avoir le cœur net, j’en demande une bouteille que j’emmène le lendemain chez une copine œnologue, qui possède un domaine en Roussillon. Vous voyez que je n’ai rien contre ce noble et utile métier. Bref, nous dînons avec quelques-uns de ses amis et j’ouvre le vin incriminé, bon étalon des échantillons dégustés la veille.
Eh bien les copains, rien que des commentaires positifs ! Et quand enfin, je pose la question de l’oxydation, la réponse est: certes, mais ce n’est pas gênant, ça fait partie du produit, c’est un style, ça fonctionne bien avec ce qu’on mange, j’aime bien… Elle m’a même dit : «C’est une oxydation qui me plaît beaucoup »
C'est elle, la Réserve du Mas qui nous a beaucoup plu
Conclusion
Ne faites pas comme moi, volez vraiment dans les plumes de ces oiseaux à la blouse blanche des doctes qui, bardés de leur connaissance scientifique et de leur expérience technique, vous persuadent qu’ils détiennent la vérité. Et puis, les vins des Baux valent un beau détour, même si les blancs sont en Coteaux d’Aix…
Bye
Marc Vanhellemont